Le Nécrophiludique

Les jeux meurent mais ne se rendent pas!

mardi 11 décembre 2018

Confrontation - Sans Détour : le retour de la revanche de la malédiction

Avant propos important : depuis la parution de cet article, qui a beaucoup été relayé, Sans Détour a communiqué sur le fait que son directeur financier n’était pas à l’emploi de Sans Détour à ce jour. J’ai pu confirmer cette information avec lui. Il a quitté l’entreprise. Il s’avère aussi, comme je le soupçonnais, qu’il s’agit très probablement d’avantage d’une victime collatérale et une histoire d’ « amitié ruineuse » qu’une escroquerie en bonne et due forme. Il est très affecté par les récents mouvements de foule causés par la mauvaise com’ de Sans Détour. Bref, je vous invite à la retenue. Je ne rentrerai pas dans les détails mais je tiens à m’excuser pour l’avoir mis en pleine lumière en vue d’essayer de faire sortir des infos.


La nouvelle commence à faire grand bruit : Chaosium retire la licence Appel de Cthulhu à Sans Détour.

https://www.chaosium.com/blogstatement-about-ditions-sansdtour/


Pourquoi?

Parce que depuis la seconde moitié de 2016 Sans Détour n'aurait pas fourni ne serait-ce que ses chiffres de ventes à Chaosium et donc pas payés ses royalties pour la licence.


Voilà peut-être un élément factuel substantiel qui vient étayer le faisceau de présomptions qui entouraient la gestion du Kickstarter de Confrontation et les inquiétudes sur la gestion de la direction de Sans Détour.

Le fait que Ludikbazar ait fait faillite - avec les grincements de dents et pertes occasionnées chez la clientèle, comme souvent dans ce genre de situation, n’entraînait pas, de facto que Sans Détour, notamment grâce à la juteuse licence Cthulhu et ses produits de grande qualité était nécessairement mal gérée, eusse-t'elle le même patron. C'est vrai.
Mais cette nouvelle-là fesse fort quand on relit la FAQ du Kickstarter et une nouvelle du 24 avril 2018 :




Alors voilà : un beau jours d'avril 2018, la direction de Sans Détour a fait écrire à des petites mains : "notre gestion est saine", nous "payons nos prestations externes", "nous sommes respectueux des règles et loi en particulier dans le domaine de la création artistique". Si le son de cloche de Chaosium venait à se confirmer, on nous a menti effrontément.

Cette nouvelle n'est que la cerise sur le sundae d'une incroyable suite d'erreurs, bévues, accidents de parcours, contretemps, soupçons mal ou pas démentis...

Résumé des épisodes précédents :

Lancement d'un Kickstarter de relance pour la vieille gamme "Confrontation Classic" en attendant Confrontation Résurrection (un tout nouveau système dans le même univers).

Je passe (voir mon précédent article) sur l'offre inadaptée, la gestion désastreuse de la communication, l'effondrement de 600 000 euros à 400 000 euros du financement, le déblocage en panique de tous les paliers à financement en baisse...

Ce moment hallucinant où, la faillite définitive de Ludikbazar étant connue, l'équipe cherche à communiquer et faire le distinguo entre les soucis de Ludikbazar et la gestion de Sans Détour et où l'on découvre que le projet va sans doute perdre son prestataire logistique (qui était LudikBazar) puis... Le mot d'ordre était alors "nous sommes 2 sociétés distincte".... Et voilà que d'anciens clients de Ludik reçoivent un courriel de Piotr Borrowski, via la mailing list de Ludik pour nous inviter à backer le kickstarter!

Il y aussi eu l'annonce du départ d'un illustrateur phare qui devait travailler sur Confrontation Résurrection (sans lien avec la situation) : Loïc Muzy.

Ensuite, un début de fébrilité pour les backers Ulule du projet des Masques de Nyarlathotep qui se font balader depuis quelques temps, officiellement en raison de retards chez l'imprimeur chinois.

Et, plus récemment l'abandon du caster GRX pour les résine et la reprise du moulage par Hysterical Games...


 Lesquels moins d'un mois plus tard déclarent faillite...



Et maintenant cette annonce de Chaosium qui signifie la perte pour Sans Détour de leur plus grosse vache à lait et de leur licence majeure. Pour des royalties impayées...
Difficile de plaider l'erreur... Mais encore une fois on n'a qu'un seul son de cloche. C'est juste que, vu de l'extérieur cette accumulations de bévues, qu'on devrait pouvoir éclaircir par le raisonnement du rasoir d'Hanlon commence à sentir très mauvais et pour le moins mettre en doute la "saine gestion" dont Sans Détour se prévalait.

Et puis il y a les conflits d'intérêts, choses légales en soi et courantes dans les affaires, mais pas forcément de bonnes pratiques de gouvernance :

Ils se résument à la galaxie Borrowski - Ammirati, dont, pour les moins bien informés, il convient peut être d'exposer le détail :

Piotr Borrowski :

- Est le patron de Sans Détour

- Est l'ancien patron de Ludikbazar/Ludibay, distributeur de jeux en ligne (après la fermeture dans un premier temps de leur boutique en dur à Paris), en difficulté toute l'année 2018, l'entreprise ferme définitivement à l'automne. Notons qu'en toute logique Ludikbazar, en tant que boutique est un client de Sans Détour et aussi son prestataire logistique, donc un fournisseur de Sans Détour.

Dans cette configuration Piotr Browwoski payait Borrowski Piotr pour des prestations logistiques. Et Borrowski Piotr payait Piotr Borrowski pour l'achat d'ouvrages de Sans Détour etc...

Ce genre de configuration existe dans les affaires, encore une fois, même s'il est évident que ça peut amener à des arbitrages douteux.


Christophe Ammirati :

Si quelqu'un détient les clefs du mystère financier, c'est ce gars là.

À moins d'un changement récent ; il est le directeur financier de Sans Détour. (son profil Linkedin ne mentionne étrangement pas cette responsabilité, mais le site de Sans Détour oui).

C'est donc cet homme qui aurait du signer des chèques à Chaosium, lui aussi qui aurait pu fournir un un état des ventes pour Chaosium.




Mais il est aussi un des dirigeants de Stellar Licensing and Consulting, le propriétaire de la propriété intellectuelle de Confrontation, basé à Hong Kong, et donc, à la tête de la compagnie qui doit toucher les royalties pour le Kickstarter de Confrontation Classic et l'éventuel futur Confrontation Résurrection.
La page "team" de Stellar Licensing renvoie malheureusement à une erreur 404 : impossible de le confirmer là, mais sur Linkedin c'est clair.




Honnêtement je n'aimerais pas être à la place d'un homme qui  risque de se retrouver en position de choisir entre payer les royalties à Chaosium et se payer un retour sur investissement pour la licence Confrontation (qui a dû coûter assez cher).

Là encore n'y voyons pas forcément malice. Je crois qu'il y a  des liens d'affaire et d'amitié forts entre ces 2 hommes et qu'ils cherchent à se tirer du pétrin d'une manière ou d'une autre plutôt que d'entuber volontairement  le monde. Seulement voilà quand tu joues sur la corde raide, le moindre accident de parcours peut être fatal.

Autre preuve de cette proximité, la compagnie Way of Gamers / Smart trading limited, située à la même adresse que les entrepôts de Sans Détour appartient aussi à monsieur Ammirati. Et depuis quelque temps elle liquide du stock qui ressemble fort à celui de Ludikbazar...

On distingue du stock Sans Détour en passant


Alors qu’auparavant Way of Gamers n'était connue que pour un site de travail collaboratif et financement participatif pour créateurs geeks au succès incertain (1 seul projet non financé).

Ce sont ces apparences de conflits d'intérêt, combinées à un certain amateurisme, et à la nouvelle de Chaosium laissant planer un doute sur les finances de Sans Détour qui prêtent en ce moment à toutes les théories possibles en l'absence de réponses à ces interrogations :

-Quelle était la situation financière réelle de Sans Détour au moment de lancer le kickstarter de Confrontation Classic?
- Si les petites mains et le gestionnaire de projet l'ignoraient sans doute : qui était au courant des tractations avec Chaosium concernant les royalties?
- Stellar Licensing a-t'elle reçu, elle, ses royalties?
- Quel rôle exact joue Christophe Ammirati et ses entreprises dans le partenariat, quels sont les intérêts des uns et des autres?
- Les finances actuelles de Sans Détour et ses soucis de droits permettront t'ils de livrer Les Masques, et, tout en ayant perdu cette vache à lait, surtout, à plus long terme, de livrer le KS Confrontation Classic?
- Qui va, éventuellement, reprendre les moulages résines de Confrontation? Qui est en charge de la production plastique standard?
- Où en est la planification de prod du gros des figurines?



Beaucoup de question auxquelles on aimerait avoir des réponses rapidement, et pas par de simples employés ou gestionnaires de projet, qui, visiblement, ignoraient tout de ces problématiques et qui ne peuvent communiquer sans éléments tangibles. Au passage, je leur souhaite bon courage!

À vue de nez, pour l'heure, le Kickstarter de Confrontation Classic, se profile pour être un des pires ratés de l'histoire du jeu avec figurines... Dans la droite ligne de la malédiction Rackham hélas...



PS : dernier update venant (probablement) de Sandy Petersen au sujet de l'imboglio Cthulhu Wars/Ludikbay/Sans Détour :
Ludikbay and Sans Detour declared bankruptcy and did not pay off the debt they owed to both Chaosium and Petersen Games. It was in no way Chaosium's nor Petersen Games's desire to end our deal with Sans Detour. 

In Petersen Games' case, they had accepted delivery of a huge amount of our product first, for which we were never paid. I believe at least some of that product (French edition Cthulhu Wars items) made its way to our backers, but like I said, Petersen Games wasn't paid. If I sound a little bitter, it's with reason. 
Source : https://www.yog-sothoth.com/index.html/news/sans-detour-stripped-of-call-of-cthulhu-licence/?page=3&tab=comments